Les Hauts Potentiels

À la fin de ton ouvrage « l’art de la paix », tu abordes le thème de la gestion des conflits des Hauts Potentiels avec leur entourage : c’est quoi un haut potentiel (HP) ?

Je n’aime pas le terme « Surdoué » pour qualifier les Hauts Potentiels, qui sous entend une supériorité sur l’autre tout à fait déplacée. Je lui préfère le terme d’hypersensible, qui laisse transparaître l’inconfort du système neurologique complexe de ces personnes pas toujours conscientes de leur décalage.
C’est très bien expliqué par une spécialiste du sujet : Jeanne SIAUD FACCHIN dans son livre « trop intelligent pour être heureux », que je cite dans « l’art de la paix ».

C’est quoi la différence entre le HPI et le HPE ?

Tout être humain doit apprendre à harmoniser 3 centres différents d’intelligence : le mental, les émotions, et le corps.
Chaque domaine répond à une logique différente. Et bien l’hypersensibilité du HP va souvent se loger dans un centre de prédilection : le mental (HPI) ou les émotions (HPE).
Ce thème qui est développé dans mon livre permet au « haut potentiel » de dynamiser en toute autonomie, une méthode rationnelle de stabilisation de sa représentation du monde qui va être utile dans le travail et jusque dans les familles.

Pourquoi les représentations du monde du HP seraient-elles instables et anxiogènes ?

Dans l’univers des hauts potentiels, par nature hypersensible, deux caractéristiques l’isolent des autres  personnes : la vitesse de compréhension et d’association des idées et l’intensité de sa sensorialité.
Sans cesse bousculé par des mutations systématiques de ses représentations du monde, il est fatigué. Mais en mode colère, il est plein de ressources et peut devenir dangereux malgré lui…ou sombrer d’un coup dans un état dépressif profond.

Comment fait-on pour apaiser les crises d’angoisse du HP ?

Apprendre à un haut potentiel à gérer la puissance dans ses colères n’a rien d’intuitif et c’est finalement la même méthode que celle utilisée pour l’éducation des enfants à l’adolescence.
La différence dans cette hypothèse : c’est que le haut potentiel doit appliquer cette méthode en secret et seul avec lui-même pour préserver son équilibre et la tranquillité de son entourage.
Schématiquement, cela passe par contenir le triangle dramatique évoqué depuis le début des chroniques, et travailler sur les stratégies utiles à l’identification et la satisfaction des besoins. Or dans ce domaine, celui d’élaboré des stratégies, il est plus performant que la moyenne !

Pourquoi beaucoup de personnes ignorent cette problématique d’hypersensibilité ?

Malheureusement, les prises en charges par certains psychologues restent marginales. Donc ça sert à quoi de se faire tester haut potentiel, si personne n’est en capacité, de lui apporter des clés de rééquilibrage ?
Au mieux la personne finit sous lithium avec un mauvais diagnostic de bipolarité ! C’est honteux de castrer ainsi toutes ces personnes férues d’authenticité, au risque de perdre leur mode de pensée intuitive qui les guide.

C’est quoi cette référence à la pensée intuitive ?

La pensée du HP se structure dans des arborescences systémiques qui font des groupes autonomes d’envergure et qui se structurent en interne, en dehors de la conscience. Pour simplifier le Haut Potentiel « sait », mais il ne sait pas expliquer pourquoi il « sait ».
Régresser sur un mode normal pour lui c’est l’obliger à descendre d’un arbre alors qu’il ne sait pas sur quelle branche il va poser son pied.
Et j’ai une mauvaise nouvelle : j’en ai rencontré de nombreux en Guadeloupe qui s’ignorent …

Comment encourager les hypersensibles à se faire tester pour apprendre à mieux s’adapter aux autres ?

Le programme de formation utilisé pour les médiateurs de l’association AMAK est très pertinent et accessible à tous les hypersensibles.
Le livre de Jeanne SIAUD FACCHIN est un bon début, pour découvrir en douceur si l’on est concerné par cette problématique, à savoir : « trop intelligent pour être heureux ».
Le programme de formation développé par HUMAN’S PLACE intègre une initiation à tous ces rouages de l’identité et de l’agressivité.